Un sonnet de Shakespeare (n°44 traduit par Jean Fuzier) proposé par ALAIN LEPLAIDEUR
" Si mon épaisse chair eût l'esprit pour substance
L'éloignement cruel point ne l'arrêterait
Car aux lieux où tu es, en dépit des distances
De mon lointain séjour je serais amené ;
Qu’importerait alors qu’à l’autre bout du monde
Le sol le plus distant se trouvât sous mes pieds
Puisque l’agile esprit franchit la terre et l’onde
Dans le temps qu’il lui faut pour choisir où aller ?
Mais je meurs de penser que je ne suis pensée
Pour, lorsque tu es loin, les espaces franchir,
Mais que, pétri de terre et d’eau, m’est imposée
La douleur de servir du Temps le bon plaisir
De si lents éléments ne recevant que pleurs
Insignes accablants de leur double malheur"
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